L’Association «Iqraa» a été reçue au Centre de presse d’El Moudjahid à travers sa présidente, Mme Aïcha Barki et des représentants d’ONUSIDA et ceux du mouvement associatif.
La réunion qui s’est tenue hier au Centre de presse d’El Moudjahid consistait dans la présentation d’un fascicule de vulgarisation pour la connaissance de la maladie du sida, les moyens de prévention et de protection. L’Association Iqraa a travaillé pour la réalisation du document destiné à des populations ciblées par Iqraa, les plus vulnérables, les plus fragilisées et les plus exposées. La présidente, Mme Aïcha Barki, a exposé les raisons de ce choix dicté par la volonté de faire front à l’épidémie bien qu’en Algérie, les statistiques le démontrent, la prévalence du sida est encore relativement faible (100 nouvelles infections pour 2005, selon la représentante d’ONUSIDA, Mme Lounès pour 14 000 nouvelles infections dans le monde à la même période).
Selon le Dr Adel Zeddam, président de l’Association Aids Algérie, l’implication de l’Association Iqraa dans cette lutte contre le sida en Algérie, s’est faite dans le cadre de la stratégie nationale définie par les autorités sanitaires dans ce cadre. Des actions concrètes sur le terrain ont été menées impliquant des acteurs institutionnels, des acteurs nationaux, la société civile. L’action est orientée, comme déjà précisé, vers les populations en situation de vulnérabilité (jeunes non structurés, travailleurs du sexe, drogués etc.).
Le Fonds des Nations unies dispose pour l’Algérie de 9 millions de dollars étalés sur trois ans (2007/2009 dont 2,5 millions ont été déjà déboursés en direction de récipiendaires et de sous-récipiendaires. L’Association Iqraa a bénéficié dans ce cadre, de subventions pour la réalisation d’un manuel de vulgarisation de la maladie du sida. Il s’agit d’une action salutaire, a reconnu le Dr Adel Zeddam, avant-gardiste, et un exemple, a-t-il ajouté, dans le Monde arabe. Pour le Dr Zeddam, l’ignorance est la principale cause qui favorise la propagation de la maladie. Nous devons opposer une réponse à la stigmatisation des malades, relève le président d’Aids Algérie.
A propos de la confection du document, des médecins, des imams, le mouvement associatif ont été consultés.
Pour Mme Lounès, représentant le programme mondial de lutte contre le sida, c’est au nom de toutes les agences des Nations unies que l’association Iqraa doit être félicitée pour le travail effectué. La représentante d’ONUSIDA a souligné que si à ses débuts, la lutte a paru ne concerner que «ONUSIDA», très vite, on s’est aperçu que toutes les agences étaient en fait impliquées (OMS, UNICEF etc.).
L’oratrice a surtout insisté sur le volet de la prévention, les objectifs du millénaire qui prévoient pour 2015, zéro cas de sida dans le monde. Il faut informer, fait remarquer Mme Lounès car c’est le manque d’information, de sensibilisation et d’éducation qui cause le plus de dégâts sur une large partie de la population, atteinte ou en état de séropositivité, c’est l’absence d’accès à l’information qui est la cause première ou en tout cas, reconnue comme telle qui est la cause de la maladie. Le Dr Zeddam le disait bien, lui qui en recevant les malades, avaient souvent pour réponse, dit-il de leur part, nous ne savions pas.
D’ici à 2010, il est espéré, par les spécialistes et les animateurs du mouvement associatif, que tous ceux qui ont besoin d’informations, de soins, peuvent y accéder : droit du malade, soins, droit au travail, lutte contre les discriminations. La présidente de Sève, Mme Yasmina Ouzrout, intervenant dans le débat, relève que le travail fourni par l’Association Iqraa, avec l’appui d’ONUSIDA, est de qualité. La sensibilisation et la prévention sont des éléments essentiels pour la préservation de la santé des gens, car si la facture en soins de santé est lourde sur le plan national, c’est tout l’effort de développement qui est compromis.
Pour maître Benbraham, avocate et présidente d’association, le sida constitue un risque majeur. Pour la juriste, les hommes de religion ont un rôle important à jouer dans le domaine de la sensibilisation. Ce que relèvent les dépliants confectionnés par l’Association Iqraa c’est que les messages correspondent bien aux préceptes de l’Islam : fidélité au partenaire, propreté, visite au malade.
L’intervenante propose des rencontres entre les représentants du mouvement associatif et les hommes de religion pour mieux ancrer la sensibilisation dans la pratique de tous les jours, la publication de spots publicitaires. Pour le représentant d’Alesco, il faut encourager les enfants à la lecture du document et des dépliants réalisés par Iqraa. Il faut utiliser toutes les autres formes de sensibilisation, bandes dessinées, pièces théâtrales etc. à destination des enfants et des jeunes.
Pour les représentants du corps médical qui sont également des représentants du mouvement associatif, la réalisation des documents dont a été l’auteur l’association Iqraa, est un travail utile. Il faut attendre pour une évaluation objective du travail. Toutes les associations sont disposées à apporter leur contribution dans le combat contre le fléau. La réalisation des documents entre bien dans la stratégie nationale de lutte contre le sida. Pour la représentante d’ONUSIDA, ce sont toutes les agences de l’ONU qui sont impliquées aujourd’hui dans la lutte contre le sida. D’autres relais sont sollicités : éducation nationale, hommes de religion, cela au niveau local. La situation est moins aisée au niveau international où subsistent des difficultés dans le travail d’approche des problèmes. Pour des intervenants, le document qui a été réalisé par Iqraa et qui a fait l’objet d’une présentation durant la conférence-débat, pèche par l’absence de vulgarisation en matière d’éducation sexuelle.
La présidente d’Iqraa a déclaré prendre note de toutes les observations, mais reconnaît qu’en matière d’éducation sexuelle, il y avait, au moins au début, des difficultés à évoquer cela. La présidente d’Iqraa qui est une ancienne directrice d’établissement scolaire a vécu cela à travers l’institution. A propos de la vulgarisation des documents au sein des pénitenciers, le président d’Iqraa rappelle que l’association a, parmi son public, 900 détenus. Au total, rappelle-t-elle, ce sont 1000 affiches, 1000 dépliants qui ont été produits dans le cadre de l’opération sensibilisation, et une plaquette. Il s’agit d’instruments fruit d’un programme d’insertion, de mobilisation, de promotion et de sensibilisation en direction des populations les plus vulnérables surtout les femmes dans les zones enclavées et en milieu carcéral.
L’alphabet de la prévention
· L’association algérienne d’alphabétisation "Iqraa" lancera, aujourd’hui, une campagne de sensibilisation aux dangers du sida dans les centres d’alphabétisation à travers la distribution de 20 000 nouveaux livres traitant des dangers de cette maladie.
· L’objectif de cette campagne est de "briser les tabous entourant la maladie et de sensibiliser les mères aux dangers du sida ainsi que les moyens de prévention".
· Cet ouvrage est destiné, a-t-elle indiqué, aux classes de troisième année des centres d’alphabétisation, ajoutant que le nombre global des inscrits est de 90 000 personnes.
· Les premiers bénéficiaires de cette campagne sont "les détenus inscrits aux programmes d’alphabétisation, au nombre de 900 à travers le territoire national, avec une concentration des efforts dans les wilayas qui connaissent une forte prolifération de cette maladie, notamment chez les catégories les plus exposées au sida dont l’âge varie entre 15 et 25 ans".
L’association a procédé, dans le cadre de cette campagne, à "l’édition de 5000 guides au profit des enseignants-animateurs des centres d’alphabétisation qui comptent plus de 1400 enseignants". Ces derniers bénéficieront à leur tour
de journées de formation sur les méthodes d’enseignement.
Elmoudjahid Par : Tahar Mohamed Al Anouar Le : mardi 28 février 2006